Sexsomnie : comprendre les symptômes, les impacts et la prise en charge

La sexsomnie (ou comportement sexuel lié au sommeil) est une parasomnie dans laquelle une personne effectue des actes ou comportements sexuels pendant son sommeil — masturbation, caresses, frottements, ou tentatives d’acte sexuel — sans en avoir conscience ni souvenir au réveil. Ce phénomène est moins rare qu’on le croit et suscite des conséquences médicales, psychologiques, relationnelles et parfois juridiques.

Qu’est-ce que la sexsomnie ?

La sexsomnie fait partie des parasomnies du sommeil non-REM (sommeil lent profond). Elle survient souvent lors d’éveils incomplets où le cerveau mêle activations motrices et absence de conscience. Elle peut être isolée ou associée à d’autres parasomnies (somnambulisme, somniloquie). Les personnes atteintes rapportent généralement une absence de mémoire de l’événement.

C’est rare… mais pas insignifiant

La fréquence réelle de la sexsomnie reste compliquée à évaluer, car beaucoup de personnes n’osent pas en parler (tabou, honte, ignorance du trouble). Pourtant, une étude de population menée en Norvège a montré qu’environ 7 % des personnes interrogées avaient déjà connu un épisode de sexsomnie au cours de leur vie. La proportion de cas « actifs » au moment de l’étude était plus faible, mais ces résultats indiquent clairement que la sexsomnie n’est pas un phénomène anecdotique.

Facteurs déclenchants et éléments favorisant les épisodes de sexsomnie

Les facteurs fréquemment identifiés sont :

  • Une fragmentation du sommeil dûe par exemple à de l’apnée du sommeil, des réveils fréquents…
  • Une privation de sommeil, une grande fatigue
  • La consommation d’alcool ou de substances qui fragmentent le sommeil
  • Certains médicaments (hypnotiques, antidépresseurs) et comorbidités neurologiques.

Réduire ces facteurs est souvent la première intervention clinique.

Diagnostic : le rôle de la vidéo-polysomnographie

L’identification d’une sexsomnie repose d’abord sur une anamnèse détaillée (récit du patient et du/de la partenaire) et sur l’élimination d’autres causes.
La vidéo-polysomnographie (v-PSG) en laboratoire permet d’objectiver l’épisode et son lien avec les phases de sommeil, et reste l’examen de référence en cas de doute diagnostique.
Attention : l’absence d’épisode pendant l’enregistrement n’exclut pas le diagnostic (les épisodes sont parfois sporadiques et très espacés dans le temps).

Prises en charge médicales (sommeil) et pharmacologiques de la sexsomnie

La prise en charge médicale cible d’abord les facteurs déclenchants : hygiène du sommeil stricte, arrêt de l’alcool, dépistage et traitement de l’apnée du sommeil, adaptation des traitements médicamenteux.
Sur le plan pharmacologique, certains cliniciens utilisent le clonazépam ou la mélatonine (preuves issues de séries de cas et analogies avec d’autres parasomnies) ; la prescription doit rester individualisée et encadrée strictement par un médecin spécialiste du sommeil.

Impacts et effets sur la personne atteinte, le.a partenaire, le couple

1) Sur la personne qui fait des épisodes de sexsomnie

  • Culpabilité, honte, anxiété : se réveiller et découvrir des traces, ou apprendre les faits par le partenaire, provoque souvent une détresse psychologique.
  • Fatigue diurne si les épisodes sont fréquents et le sommeil très fragmenté.
  • Peur de dormir ou d’être seul·e avec autrui, retrait social.
  • Peur des risques juridiques si un acte a impliqué une autre personne, qui ajoute un fort stress supplémentaire.

Ces conséquences montrent que l’impact dépasse le cadre purement neurologique.

2) Sur le/la partenaire

  • Sentiment d’agression ou de violation : même si l’acte est involontaire, le/la partenaire peut se sentir agressé·e, humilié·e, ou trahi·e.
  • Perte de confiance, peur du sexe : la réaction normale du partenaire peut être d’éloignement ou d’hypervigilance.
  • Conséquences médicales s’il y a risque d’exposition sexuelle non protégée.

Les réactions varient énormément et la minimisation du vécu de la victime peut aggraver le traumatisme.

3) Sur le couple et la relation

  • Dynamique relationnelle rompue : méfiance, rancœur, sommeil séparé, rupture de la vie sexuelle.
  • Basculement vers des situations médico-légales : plainte, enquête, expertises — des situations souvent extrêmement douloureuses.
  • Nécessité de réparation et de reconstruction : communication encadrée, stratégies de sécurité, et travail thérapeutique pour restaurer intimité et consentement explicite.

Pourquoi la sexothérapie est indispensable, en plus du traitement médical ?

  • Réparer le lien : le travail sexothérapeutique vise à reconnaître la souffrance du/de la partenaire (sans minimiser la personne atteinte), à restaurer la sécurité sexuelle et la confiance.
  • Travailler sur les perceptions et l’érotisme partagé : aider le couple à redéfinir les limites, les signaux de consentement explicite, et reconstruire une sexualité choisie.
  • Prise en charge du vécu traumatique : pour la personne qui a subi un acte, la sexothérapie peut être un espace de réparation psychologique ; pour la personne qui agit pendant le sommeil, c’est un lieu d’accueil de la honte et d’apprentissage de stratégies (sécurité, prévention, accompagnement à l’acceptation).
  • Coordination pluridisciplinaire : la sexothérapie ne remplace pas le spécialiste du sommeil ; elle complète le dispositif médical (v-PSG, traitements) en s’occupant du retentissement émotionnel et relationnel.

En bref : sans sexothérapie, le risque est que la prise en charge médicale laisse intact le conflit conjugal, la douleur ou la rupture de la vie sexuelle.

Questions fréquentes sur la sexsomnie :

Q : La sexsomnie est-elle volontaire ?
A : Non — par définition la personne n’est pas consciente pendant l’épisode ; l’action est involontaire, mais chaque dossier doit être évalué cliniquement (et judiciairement si nécessaire en cas de plainte).

Q : Peut-on guérir de la sexsomnie ?
A : On peut réduire les épisodes en traitant les facteurs déclenchants (apnée, alcool, privation) et, si besoin, avec une prise en charge thérapeutique ; l’accompagnement pluridisciplinaire améliore les chances de stabilisation.

Q : Doit-on dormir séparé si un épisode a eu lieu ?
A : Parfois une séparation temporaire est une mesure de sécurité utile ; l’idée est de protéger la victime potentielle et de permettre un espace thérapeutique pour la réparation.

Intervenir tôt évite l’aggravation relationnelle et juridique !


Si tu es concerné·e (toi ou ton/ta partenaire), je te propose :

  1. Une première évaluation conjointe : > Clique ici pour prendre rendez-vous <

  2. Un accompagnement sexothérapeutique pour la réparation relationnelle et la reconstruction d’une sexualité consensuelle.

 

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